« Les FDLR sont des combattants qui étaient au Rwanda en 1994, cela fait maintenant 30 ans. Celui qui avait 30 ans à l’époque en a maintenant 60, et celui qui en avait 40 en a 70. La plupart de leurs dirigeants ont 70 ans. Quel problème peuvent-ils poser à la sécurité du Rwanda ? », A-t-il questionné.
Ces propos de Paluku sur les FDLR ressemblent à ceux du président Félix Tshisekedi, président de la RD Congo, du ministre des Affaires étrangères et du porte-parole du gouvernement, qui tentent tous de montrer que ce groupe armé ne représente pas une menace sérieuse.
Cependant, le gouvernement rwandais continue d’insister sur le fait que « les FDLR est en position de continuer à propager l’idéologie du génocide dans la région, librement et avec les ressources qu’elle collecte, y compris les taxes imposées aux populations des zones qu’elle contrôle, lui permettant de recruter de nouveaux combattants, de construire des capacités pour lancer des attaques ».
Jean Damascène Rwangabo, un ancien sergent de l’armée des FDLR qui a fui le groupe et s’est réfugié au Rwanda, où il a été envoyé au Centre de Mutobo pour se préparer à réintégrer la société rwandaise, confirme cette perspective. Selon lui, dire que les FDLR n’existent pas serait de la désinformation ou de l’ignorance.
Il affirme clairement que les FDLR sont plus présentes que l’armée congolaise (FARDC) elle-même, car dans de nombreuses opérations, l’armée ne peut pas agir sans le soutien des FDLR.
Rwangabo, qui a passé de nombreuses années au sein des FDLR, dans une interview exclusive avec IGIHE, a confirmé que les FDLR existent toujours et garde leur idéologie génocidaire.
« Je suis le dernier à être parti [et je peux confirmer que] les FDLR sont là en force, et elles gardent leur idéologie, elles n’ont pas baissé les bras, et elles ont même l’intention d’attaquer le Rwanda, bien qu’elle ne soit pas en mesure de réaliser cet objectif, mais elle garde ces idées dans son cœur. Dire qu’elles n’existent pas, c’est mentir, c’est de la politique mensongère. »
Le groupe continue de se renforcer, recrutant de jeunes hommes, notamment ceux qui viennent de terminer leurs études secondaires, les rassemblant de force pour les entraîner au combat et les endoctriner avec l’idéologie du génocide.
Martin Irakoze, un autre témoin des exactions des FDLR, né en RDC de parents qui avaient fui en 1994, a raconté comment après avoir terminé ses études secondaires, il a été forcé comme beaucoup d’autres jeunes de son village à les rejoindre.
« Une fois là-bas, ils nous ont formés et en 2019, nous avons commencé à travailler, ils nous disaient que nous nous battions pour retourner au Rwanda, pour renverser le gouvernement ’tyrannique’ en place (c’est ce qu’ils nous disaient), et reprendre le Rwanda comme avant », a-t-il déclaré.
Un autre ancien membre des FDLR en formation au centre de Mutobo a confirmé que les FDLR assistent les FARDC dans sa lutte contre le M23, espérant qu’en aidant les FARDC, elle recevra de l’aide en retour pour retourner au Rwanda et combattre le gouvernement actuel.
Irakoze a ajouté : « Ils disent qu’ils ne combattent pas le M23 mais le Rwanda, et qu’en renforçant leur présence sur le terrain, cela forcera le Rwanda à déployer toutes ses forces là-bas, permettant ainsi aux FDLR de lancer une offensive depuis le sud en toute liberté. »
Selon leurs plans, elles continuent d’intimider les Rwandais vivant en RDC, les menaçant de mort s’ils envisagent de retourner au Rwanda, leur disant que le pays ne sera en paix « que lorsque aucun Tutsi n’y sera présent ».
Les armes qu’ils prévoient utiliser pour attaquer le Rwanda sont celles fournies par la FARDC, bien qu’ils en conservent certaines pour leur propre usage en cas de problème dans leur collaboration avec la FARDC.
Ceux qui sont retournés au Rwanda ont réalisé que les promesses des FDLR n’étaient que des mensonges, témoignent maintenant de la réalité et affirment que les affirmations des FDLR sur une attaque imminente contre le Rwanda sont aussi vaines que les rêves d’un affamé qui rêve de manger alors qu’il meurt de faim, sans espoir ni assurance.
Le gouvernement rwandais continue de signaler que les FDLR sont un problème grave, et que le gouvernement congolais devrait cesser toute collaboration avec elle et plutôt travailler à son élimination.
Cependant, le gouvernement congolais semble ignorer ce problème, car il ne peut pas éliminer les FDLR sans compromettre sa propre position dans les conflits auxquels il est impliqué.
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