L’écrivain oublié Savio Nayigiziki, auteur d’œuvres Mes transes à trente ans et l’ Optimiste, fait l’objet d’une réhabilitation par Emmanuel Nsengiyumva, Docteur ès Lettres et responsable du Campus Rulindo de l’UNATEK.
Ce jeudi 14 juin 18, un mini colloque est donc organisé par l’UNATEK-Rulindo autour de l’œuvre de Savio Nayigiziki (1915-1984) avec l’appui logistique de la CNRU/Commission Nationale Rwandaise pour l’UNESCO. Emmanuel Nsengiyumva a pris soin d’inviter beaucoup d’intellectuels qui ont connu de près ou de loin cet écrivain rwandais que le régime colonial belge et les deux premières républiques ont pris soin de mettre dans l’ombre.
Raison ?
« Il ne dérangeait personne mais il était singulier, anticonformiste », ont semblé dire les intervenants qui ont pris la parole montrant qu’il était en avance de son temps et qui, vers la fin de ses humanités latines, en seconde latine, élève excessivement brillant, est renvoyé de l’école pour avoir montré tôt qu’il était en désaccord avec l’ordre colonial qui bousculait en mal la société rwandaise d’alors.
L’analyse du discours de son œuvre par le Dr Emmanuel Nsengiyumva révélera que cet écrivain qui traverse muet son siècle « libre et original, est en quête d’un monde africain nouveau, pacifique et convivial ».
En effet, des témoignages entendus au cours de ce micro colloque montrent un Nayigiziki très intellectuel qui fait l’interprète du dernier vrai roi du Rwanda, Mutara III Rudahigwa (1931-1959), avant d’être promu Sous-chef dans le Bunyambilili où il s’adonnera à la bière et se confondra avec la population locale.
« Un jour qu’il partageait le vin avec ses dirigés, ceux-ci ont remarqué qu’il ne cessait d’aller au petit besoin pour soulager sa vessie. N’y tenant plus, ils lui ont demandé s’il ne souffrait pas. Au contraire, leur avait-il dit, le vin que vous produisez est très bon. Il descend agréablement dans mon corps, a-t-il poursuivi avant de leur cracher de façon affable que ce vin qui entrait en symbiose avec son corps était différent d’eux qui étaient difficilement gouvernables », a dit Laurent, ancien député au Parlement rwandais participant aux travaux de ce mini colloque montrant par cette boutade que l’homme Savio était affable et distingué dans toutes les situations qui s’offraient à lui.
Réhabiliter l’homme et l’écrivain
Les chercheurs invités aux travaux de ce mini colloque sur Nayigiziki et son œuvre posthume, les Docteurs Emmanuel Nsengiyumva, Emmanuel Ahimana (Collège de l’Education près l’Université du Rwanda) et Isaie Nzeyimana, philosophe de l’Université du Rwanda, ont analysé la nature profonde de l’homme qui écrit ses ‘Mes Transes à Trente Ans’ et ‘L’Optimiste’, pour se terrer dans un long silence traversant les régimes du Président Grégoire Kayibanda (1962-1973) et de Juvénal Habyarimana (1973-1994).
Le Dr Emmanuel Nsengiyumva, dans sa communication ‘‘Nayigiziki dans le courant de la littérature francophone africaine des années 50’’ tente de classer l’œuvre « Mes Transes à trente ans » dans la riche littérature négroafricaine florissante alors. Il ne parvient ni à la classer dans le roman du désenchatement, du roman colonial, du roman historique ou du roman de la désillusion… pour conclure à un Savio Nayigiziki « homme libre et original » ; original dans le sens où sa pièce de théâtre ‘‘L’Optimiste’’ n’obéit pas non plus à la règle des Trois Unités d’alors.
Pourtant, d’après les témoignages donnés par des gens qui l’ont connu, d’après son style de vie très simplet, il se dégage en lui une déception subtilement cachée et qui refuse l’ordre colonial puis administratif proposé à la nation rwandaise. Ne se confond-il pas avec la masse populaire ? N’est-il pas très anticonformiste en refusant d’entrer dans la catégorie des évolués où le pouvoir colonial veut le placarder autant que les autres Astridiens, Séminaristes et moniteurs (enseignants d’alors) ?
« Invité dans une fête du grand monde de Butare, il débarque dans une tenue simple de tous les jours. Prié de retourner mettre la tenue des grandes fêtes, il s’exécute et de retour dans la salle des fêtes, il est entouré d’égards », a témoigné le Vice-Recteur de l’UNATEK, M. Kaneza, montrant que par la suite, toutes les boissons qui lui seront servies seront versées dans les poches de sa veste.
« Je suis venu et vous m’avez prié de retourner chez moi mettre des habits des grands jours. Autrement dit ce sont eux qui ont été invités et non moi », aurait-il répliqué aux convives qui lui demandaient pourquoi il était si désagréable et peu bienséant.
L’homme déçu
Savio Nayigiziki, au moment où il écrit ‘Mes Transes à trente ans’, est si fin au point qu’il manie parfaitement sa plume pour cacher sa déception de l’ordre colonial introduisant et entretenant des classes sociales en lieu et place où les Rwandais d’alors vivaient une vie paisible et insouciante sous le règne de la féodalité avec ses fonctions guerrières, foncières et bovines et des mouvements sociaux ascendants et descendants dans les deux classes sociales (dirigeants-dirigés) qui existaient.
La désillusion qui le peuple vient-elle du fait de l’indépendance bâclée en 1962 avec pour précurseur le ‘Manifeste de Bahutu’ rédigé en 1957 dans les bureaux de l’Evêché de Perraudin de Kabgayi et donné à Kayibanda Grégoire, le porte étendard de ce mouvement divisionniste qui allait donner lieu en 1959 au parti PARMEHUTU (Parti pour l’émancipation des Hutu) ayant les germes du génocide des Tutsi ?
« Alors qu’il enseignait le latin aux élèves fréquentant le Petit Séminaire de Save dans les années 60 où le PARMEHUTU et Kayibanda régnaient de main de fer, Savio profitant des dernières minutes avant la fin de sa tranche horaire, il surprend ses poulains :
‘Ne prenez pas pour modèle Grégoire Kayibanda à la fin de votre cursus académique. Il est impensable de voir un père de la nation rwandaise diriger un parti PARMEHUTU qui ségrègue son peuple. Si pour lui les Bahutu sont chéris, que deviendront les tutsi alors que tous ont une même origine Gihanga ?’ »,
a dit Evode Kalima, ancien député au Parlement rwandais et témoin vivant de l’auteur Savio Nayigiziki qui a bien longtemps lutté silencieusement pour la Rwandité souvent en silence et des fois avec des déclarations qui montraient que les régimes qu’il traversait incompris jusqu’en 1985 allaient droit vers la consommation de la faillite de la société rwandaise tout idéologiquement appuyés qu’ils étaient tour à tour par la Belgique administrante d’alors et la France mitterrandienne qui a accompagné la finalisation du projet génocidaire qui a fait son long chemin depuis l’an 1957.
Le Docteur Emmanuel Nsengiyumva promet d’inviter une grand parterre de chercheurs en lettres pour Decembre prochain pour une etude approfondie de cet ecrivain rwandais passe aux oubliettes de l’histoire.
Merci Claire de réagir à cet article de reportage sur le mini colloque organisé sur l’écrivain Naigiziki. Je vous donne un contact utile d’un directeur de la Culture près la CNRU/Commission Nationale pour l’Unesco : Jérôme Kajuga 0788440243 qui devra vous aider à entrer en contact avec les organisateurs du prochain colloque sur l’écrivain, votre grand père.
Igihe Murakoze kutugezaho iyi nkuru. Naigiziki ni Sogokuru wange . Mama wange ni bucura mu nzu ya Naigiziki .Muzamenyeshe abategura iyi nama ko mfite amafoto meza kandi menshi ya Naigiziki. Ikindi bibagiwe kuvuga nuko Naigiziki yari yaranze izina rye rya Nayigiziki kuko ngo yumvaga rifite " amaganya". Mu minsi ye yanyuma izina yandikaga ni Naigiziki. Abitabiriye inama bazabaze abo mu muryango wacu ukuntu nyogokuru Isabelle abigiriwemo inama nabana be ( ba mama wacu na ba marume) yagiye kumurega kwa Musenyeri Gahamanyi ngo anywera amafranga yose yakoreye andi akayajyana mu bagore.... Musenyeri ati " Naigiziki nzajya ngumba igice , ikindi ngihe umugore wawe ..." Naigiziki ati " D’accord" . Nyogokuru isabelle yatashye abyina...Iminsi irahita indi irataha Naigiziki ahembwa 1/2 cy’umushahara we...... nuko Naigiziki aza kwigira inama yo gukora iminsi 15 , indi arabura. Aababizi bavuga ko yagiye mu Bugesera mu rugo rwe rwabagayo. Icyo gihe ngo yandikaga ku gitabo ku Nyoni akumviriza amajwi y’inyoni mu ishyamba, amara ibyumweru 2 yiyumvira amakwi y’inyoni........Musenyeri Bigirumwami aramushaka aramubura... ararakara cyaneeee yibaza impamvu Naigiziki yataye akazi ....... ku italiki ya 1 yukundi kwezi Naigiziki aza mukazi. Musenyeli amwakirana uburakali amubaza impamvu yataye akazi . naigizi ati " tiens , Isabelle n’est pas venue au travail ? "Musenyeli utaribukaga izina rya nyogokuru ati " Qui est Isabelle ?" Nagiziki ati " ma chere femme". Musenyeli biramucanga . naigiziki ati nakoze iminsi 15 mbembwa iminsi 15 nawe yagombaga gukora iminsi 15....Inkuru za Naigiziki zatumye nkunda kwandika.
Le premier romancier et dramaturge d’expression française du Ruanda-Urundi nous vient du Rwanda actuel et s’appelle François-Xavier-Joseph-Deodatus Nayigiziki alias Saverio Nayigiziki (1915 – 1984). Son premier roman ((Nayigiziki, S.J., Escapade ruandaise, Journal d’un clerc en sa trentième année, Préf. de J.-M. Jadot,Bruxelles, G.A. Deny, 1950, 208 pages)) fut édité en 1950 à Bruxelles, mais il n’eà »t pas le retentissement escompté ((Bien qu’il fut primé au concours de la foire coloniale à Bruxelles en 1949. Sans doute sous la forme d’un manuscrit puisqu’il est publié une année plus tard…)) . Il publia ensuite une pièce de théâtre ((Nayigiziki, S.J., L’Optimiste, Astrida, Groupe Scolaire d’Astrida (Frères de la Charité), 1954. )) et une version beaucoup plus longue de son premier roman ((Nayigiziki, S.J., Mes Transes à trente ans. Histoire vécue mêlée de roman. I. De mal en pis II. De pis en mieux, Astrida : Groupe Scolaire, 1955, 2 vol., 487 pages.)). L’œuvre de cet écrivain tout à fait époustouflant de talent est restée méconnue comme le peu d’autres productions littéraires issues du Burundi et du Rwanda.
Le premier romancier et dramaturge d’expression française du Ruanda-Urundi nous vient du Rwanda actuel et s’appelle François-Xavier-Joseph-Deodatus Nayigiziki alias Saverio Nayigiziki (1915 – 1984). Son premier roman ((Nayigiziki, S.J., Escapade ruandaise, Journal d’un clerc en sa trentième année, Préf. de J.-M. Jadot,Bruxelles, G.A. Deny, 1950, 208 pages)) fut édité en 1950 à Bruxelles, mais il n’eà »t pas le retentissement escompté ((Bien qu’il fut primé au concours de la foire coloniale à Bruxelles en 1949. Sans doute sous la forme d’un manuscrit puisqu’il est publié une année plus tard…)) . Il publia ensuite une pièce de théâtre ((Nayigiziki, S.J., L’Optimiste, Astrida, Groupe Scolaire d’Astrida (Frères de la Charité), 1954. )) et une version beaucoup plus longue de son premier roman ((Nayigiziki, S.J., Mes Transes à trente ans. Histoire vécue mêlée de roman. I. De mal en pis II. De pis en mieux, Astrida : Groupe Scolaire, 1955, 2 vol., 487 pages.)). L’œuvre de cet écrivain tout à fait époustouflant de talent est restée méconnue comme le peu d’autres productions littéraires issues du Burundi et du Rwanda.