Les chefs de l’Etat ou de gouvernement des pays de l’Afrique Australe se réunissent à la mi-janvier en sommet à Luanda pour décider des suites à donner au non-respect de l’ultimatum fixé pour la reddition des FDLR, rebelles rwandais dans l’est de la République démocratique du Congo. L’annonce a été faite par le président sud-africain Jacob Zuma, en charge des problématiques de sécurité et de défense au sein de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe).
Reddition de militants du FDLR, à Kateku, dans l’est de la RDC, le 30 mai 2014. REUTERS/Kenny Katombe
Dans un communiqué, le président Jacob Zuma annonce la tenue d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, les 15 et 16 janvier à Luanda, en Angola. Un sommet de la SADC, mais aussi de la CIRGL, la conférence internationale pour la région des Grands Lacs. Ces deux organisations sous-régionales qui avaient donné l’ultimatum de 6 mois aux FDLR pour désarmer volontairement.
Le chef de l’Etat sud-africain note dans ce communiqué que les FDLR n’ont « pas rempli complètement les conditions imposées par les chefs d’Etat et de gouvernement des deux organisations ».
Le sommet de mi-janvier doit donc encore « décider l’action appropriée à mener suite à l’expiration de l’ultimatum ». Et d’ici là, Jacob Zuma en tant que responsable des problématiques de sécurité et de défense de la SADC lance un appel « sérieux et urgent » aux FDLR pour qu’ils désarment volontairement.
On est donc loin du discours très ferme du groupe des envoyés spéciaux pour les Grands Lacs. Ce que notent avec un certain dépit plusieurs responsables onusiens. Même si la SADC, par la voix de Jacob Zuma - se dit être toujours engagée dans la neutralisation des groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo.
Les opérations militaires contre les FDLR n’ont toujours pas commencé, malgré l’appel lancé par le groupe des envoyés spéciaux pour les Grands Lacs. Les représentants de l’ONU, de l’Union européenne, de l’Union africaine, des Etats-Unis et de la Belgique se sont montrés très clairs vendredi : ils ont demandé à ce que l’armée congolaise et la Monusco débutent ces opérations au plus vite.
Pas de lancement des opérations malgré la fin de l’ultimatum
« Les résolutions du Conseil de sécurité sont claires, les décisions de la CIRGL et de la SADC aussi », s’agace un officiel rwandais, « il n’y a pas besoin de sommet si ce n’est pour préparer concrètement l’action militaire », concède-t-il. Kigali soupçonne l’armée congolaise et certains contingents onusiens issus de la SADC de tout faire pour éviter les opérations contre les FDLR.
Ce communiqué du président Jacob Zuma pourrait retarder le déclenchement des opérations militaires contre les FDLR, en renvoyant la prise de décision des suites à donner à l’expiration de l’ultimatum du 2 janvier au sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CIRGL et de la SADC prévu à la mi-janvier. Ces deux organisations régionales étaient à l’origine de l’ultimatum.
Pour Olivier Nduhungirehe, représentant adjoint du Rwanda auprès des Nations unies, les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et les décisions de la CIRGL et la SADC sont suffisamment claires, les opérations doivent commencer.
«
La meilleure solution c’est une intervention conjointe entre l’armée congolaise et la Monusco. Mais la résolution 2098 est claire… »
Olivier Nduhungirehe, représentant adjoint du Rwanda auprès des Nations unies 0
Déclaration du gouvernement congolais
L’ultimatum a expiré le 2 janvier. L’équipe des envoyés spéciaux pour les Grands Lacs dirigée par l’onusien Said Djinnit a appelé l’armée congolaise et la Monusco à lancer des opérations militaires.
Le gouvernement congolais s’est une nouvelle fois engagé à le faire, mais n’a pas donné de date. C’est une simple déclaration lue à la télévision vendredi soir par le ministre de la Justice.
Premier constat pour Kinshasa : le désarmement volontaire n’a pas apporté les effets escomptés. Depuis mai dernier, 337 combattants seulement ont déposé les armes soit 26% des quelque 1 300 FDLR comptabilisés par les autorités congolaises en octobre 2012. L’ONU parle de son côté d’au moins 2 000 FDLR et le Rwanda de plus de 3 000.
Deuxième constat de Kinshasa dans cette déclaration : l’option militaire est devenue inévitable. Et le gouvernement congolais assure que toutes les mesures ont été et seront prises pour lancer ces opérations. En revanche, pas de date officielle de lancement, ni même de préparatifs déjà visibles sur le terrain.
Or selon l’équipe des envoyés spéciaux pour les Grands Lacs, c’est bien à l’armée congolaise de prendre l’initiative, la Monusco et sa brigade d’intervention ne seront là qu’en soutien.
Sur le papier, la fameuse brigade d’intervention de l’ONU pourrait lancer ces opérations seule, son mandat le lui permet.
Et elle le fera, assure-t-on du côté de la communauté internationale, mais l’option privilégiée par tous serait que l’armée congolaise se décide d’elle-même à engager ces opérations.
La pression internationale est donc surtout sur Kinshasa pour le moment, mais elle pourrait se retourner très vite contre la Monusco si rien ne se passe dans les prochaines semaines. Et le gouvernement rwandais ne manque pas de le souligner en rappelant que les termes de la résolution de l’ONU créant la brigade d’intervention de l’ONU qui lui permet aussi d’agir unilatéralement.
Les tactiques dilatoires et les excuses ne doivent plus être tolérées, insiste Kigali.
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