En politique américaine, un « Executive Order » est une sorte de décret-loi que seul le président américain en fonction peut se permettre de signer, pour donner des directives jugées urgentes, et essentielles pour l’intérêt supérieur de la nation et le contenu n’est ni discuté ni présenté, au Congres Américain.
Un Executive Order une fois publié, devient automatiquement une loi en vigueur, que tout le système américain, tant officiel qu’officieux se tient de mettre en œuvre et renforcer. En plus, la raison évoquée de « Menace à la Sécurité Nationale et à la politique étrangère des USA » est suffisamment sérieuse pour que même les puissants services de renseignement américains s’en prennent du dossier.
– Le tout premier qui choque est …… Tenez-vous bien : le Géneral Alain Guillaume Bunyoni. Les Etats-Unis deviennent ainsi le tout premier pays à oser cibler directement un membre du gouvernement burundais toujours en fonctions, et en plus, ce n’est pas n’importe quel membre du gouvernement, c’est bel et bien le numéro 1 de l’appareil sécuritaire burundais, celui qui supervise et coordonne l’opération Kora de fouille des armes dans les quartiers contestataires, celui qui donne des directives aux policiers ; bref, celui qui chapeaute officiellement tout le système sécuritaire de l’Etat burundais.
Pire, Alain Guillaume Bunyoni, malgré son impopularité au sein du CNDD-FDD de par ses airs de supériorité, et son arrogance, est souvent pressenti comme l’actuel bras droit/collabo/confident du président Nkurunziza, depuis l’assassinat éclair d’un autre général du CNDD-FDD plus populaire que Bunyoni, j’ai nommé Adolphe Nshimirimana en Aout 2015.
– Le deuxième frappé par l’Executive Order du Président Obama est Godefroid Bizimana, un haut gradé de la PNB- Etant Directeur General Adjoint de la PNB, Godefroid Bizimana est théoriquement et légalement, le numéro 3 de tout le corps policier, mais en réalité, nul n’ignore que son supérieur André Ndayambaje (ex FAB)- actuel Directeur General de la PNB, est un simple figurant qui a été nommé pour équilibrer selon les accords d’Arusha.
Le véritable chef des opérations et du commandement tactique de la PNB n n’est autre que ce natif de Cibitoke, Godefroid Bizimana. Lui, il ne reçoit des ordres directs que soit de Bunyoni, soit de Nkurunziza lui-même via Ndakugarika le chef de cabinet police. Godefroid Bizimana était déjà sur la liste de l’UE, et les USA viennent encore de le foudroyer avec une autre sanction. Le pauvre ! Si l’Union Africaine leur emboite le pas et le mentionne encore, il risque d’avoir une crise cardiaque et ne plus quitter sa chambre.
– Les troisième et quatrième sur la liste ne sont autres que les généraux Niyombare et Ndayirukiye. Ces deux monsieurs, respectivement frondeur des FDD, ancien chef des renseignements burundais, et l’autre ex ministre de la défense ex FAB, sont sanctionnés pour leur rôle, implication et leadership dans le pseudo putsch du 13 Mai 2015.
Ensuite, deuxièmement, regardons à la loupe, l’agencement des mots utilisés par Obama dans son « Executive Order » : Pourquoi viser Bunyoni ? Parce qu’il fait mal son job, en plus selon Obama, il dirige une institution (la PNB) qui déstabilise, et menace la sécurité du pays- ce qui est déjà contraire à sa mission), et en plus Bunyoni est accusé de collaborer directement avec la tristement célèbre milice Imbonerakure qui violente les opposants. Et pourquoi viser Bizimana ?
Parce que lui il est coupable de violations graves de droit à la manifestation, en utilisant une force disproportionnée, et en s’adonnant à la torture. Et quid des deux putschistes Niyombare et Cyrille ? Pourquoi eux les viser ? Parce que leur coup d’état a contribué a « détériorer, aggraver » la situation (le choix de ces mots signifie donc que la situation était déjà chaotique. En réalité ça saute aux yeux, le choix des mots démontre que le gouvernement DD est pointé du doigt en premier, qu’il est le premier fautif et que les deux autres ont été rajoutés histoire de calmer les esprits.
Les radicaux pro 3e mandats espéraient voir sur la liste : au moins un des militants de la société civile ou un politicien (de préférence Tutsi, extrémisme oblige), ne fut-ce que pour soi-disant « équilibrer ».
Mais ils oublient que ça ne marche hélas pas comme cas. D’abord les sanctions ne sont pas équilibristes de nature, elles frappent le fautif c’est tout ! Chercher à faire condamner l’autre pour que tu ne sois pas le seul a être condamné relève d’une infantilisation du conflit ! Et donc, espérer qu’un dirigeant de la société civile, ou un membre d’un parti politique de l’opposition soit sanctionné juste comme ça, juste pour soi-disant équilibrer, alors là vous avez du pain sur la planche !
Enfin, troisièmement analysons les mesures prises : zéro visa donc zéro entrée sur leur territoire, saisie de tous les biens et fermeture des comptes bancaires détenus aux USA, plus aucune collaboration directe entre toute personne de nationalité américaine et ces quatre personnalités burundaises (ku giti cabo). Certains innocemment diront : « Yuu ! yuu ! Nakare, Ils vont rarement aux USA, et n’ont aucun bien la bas !, donc tout ça ce n’est rien ».
Ils oublient une chose, te priver de liberté est très négatif sur ton épanouissement surtout quand tu es dirigeant (uwokubuza kuja ahantu, harya bwoca wipfuza kuhaja), mais aussi ces sanctions affectent tous les affiliés directs et indirects de ces individus (le document précise d’ailleurs, je cite « to target any person owned or controlled by, or acting or purporting to act for or on behalf of, directly or indirectly » et pire elles sont progressives, donc c’est comme recevoir un petit gifle au début, faute de changer de comportement, tu reçois un méga châtiment a la chicotte qui te laissera impuissant !
Enfin je clôture par une petite question à Pierre Nkurunziza :
« Si un gouvernement étranger (pas n’importe lequel… la première puissance mondiale, j’ai nommé les USA) impose ouvertement sans même te consulter (comme le dit si bien Gélase) des sanctions à 4 ressortissants de ton pays dont ton ministre/bras droit, ton chef de la police, un putschiste fugitif porté disparu (que tu n’arrives même pas à trouver sur ton sol) et un prisonnier qui sert déjà sa sentence dans ta prison (en ajoutant en plus que ce prisonnier, il ne faudra surtout pas lui toucher un seul cheveu), et quand ce même gouvernement t’ordonne de négocier avec tous tes opposants internes et externes, sans aucune condition, et ce, sous la supervision de la communauté internationale, honnêtement quelle est la première idée qui te vient en tête ?
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