Inquiétude au Burundi : « On attend l’explosion sans savoir d’où elle viendra »

Redigé par Innocent Muhozi
Le 5 août 2015 à 04:42

Le Burundi et sa capitale Bujumbura connaissent une période de tension extrême, décrite par Innocent Muhozi, journaliste et directeur de Radio Télé Renaissance, une station fermée depuis la mi-mai, comme le « Far West« .
La crise que traverse le Burundi depuis fin avril, début d’un mouvement de contestation contre un troisième mandat présidentiel, semble prendre une tournure de plus en plus violente en l’absence de médiation internationale.
« On est presque dans le Far West. On voit des gens qui se (...)

Le Burundi et sa capitale Bujumbura connaissent une période de tension extrême, décrite par Innocent Muhozi, journaliste et directeur de Radio Télé Renaissance, une station fermée depuis la mi-mai, comme le « Far West« .

La crise que traverse le Burundi depuis fin avril, début d’un mouvement de contestation contre un troisième mandat présidentiel, semble prendre une tournure de plus en plus violente en l’absence de médiation internationale.

« On est presque dans le Far West. On voit des gens qui se tirent dessus. Il y a eu une course-poursuite avec beaucoup de coups de feu tout à l’heure, dans le quartier de la radio-télévision nationale à Bujumbura. Un officier de l’armée a manifestement été blessé. C’est une sorte de chaos, cela devient invivable », témoigne le journaliste de Radio Télé Renaissance.

Dimanche, c’est le général Adolphe Nshimirimana, un proche du président Pierre Nkurunziza, qui a été tué à Bujumbura dans une attaque à la roquette. Lundi, c’est le défenseur le plus connu des droits de l’Homme au Burundi, Pierre-Claver Mbonimpa, qui a été blessé dans une tentative d’assassinat. Et les rumeurs d’assassinats vont en se multipliant.

Des armes dans les quartiers

« Il y a déjà trois ou quatre mouvements rebelles, avec des personnalités de l’armée, qui étaient dans la tentative de coup d’état, dans le bush ou d’anciens acteurs politiques majeurs. Et puis on voit qu’il y a beaucoup d’armes pratiquement dans tous les quartiers. (…) Des jeunes gens qui ont des kalashnikovs, des mitraillettes, qui bouclent les quartiers. (…) Il y a manifestement aussi des grenades. « 

La répression de la contestation contre un troisième mandat du président Nkurunziza, les enlèvements, les cas de torture ont conduit, selon Innocent Muhozi, la population à s’armer.

En attendant l’explosion

« Le point de départ de la crise est toujours là. Rien n’est fait pour la désamorcer et il y a une grosse inquiétude. Comme si on attendait l’explosion sans savoir d’où elle va provenir. Sans intervention claire, nette, énergique, de la région, de l’Afrique, de la communauté internationale, cela va exploser c’est clair ».

Malgré la tension, les déplacements restent relativement possibles à Bujumbura et l’approvisionnement n’est pas trop perturbé. La radio-télévision nationale fonctionne.

Pour Radio Télé Renaissance, comme pour les autres stations indépendantes, par contre, la situation est moins rose. Leurs locaux ont été attaqués et détruits par la police et sont toujours occupés.

Malgré cela, Radio Télé Renaissance continue à « émettre » de façon semi-clandestine via une chaîne YouTube alimentée quasi quotidiennement.

* L’auteur de cet article est de Directeur de Radio Télé Renaissance de Bujumbura aujourd’hui fermée par force.


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