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Dans l’école la plus surpeuplée du Rwanda

Redigé par IGIHE
Le 25 février 2020 à 02:24

A l’entendre seulement on croirait un conte de fées, car comment s’imaginer une école dont la population atteint les 24.000 âmes ? C’est pourtant l’effectif réel de ce Groupe Scolaire Paysannat L, situé dans le District de Kirehe en Province de l’Est, ce qui en fait l’école la plus peuplée du pays, selon le Rwanda Education Board, REB.

En juillet 2019, la Banque Mondiale a signalé que le ratio élèves / classe (PCR) au Rwanda en 2018 était en moyenne de 82 dans les écoles publiques. Les écoles primaires dépassaient souvent 65 élèves et 100 élèves dans les cas extrêmes.

Le même rapport indiquait également que la Province de l’Est avait les écoles les plus surpeuplées.

GS Paysannat L était une école ordinaire avec moins de quatre mille élèves avant 2015, lorsque les réfugiés burundais ont commencé à affluer dans le camp de réfugiés de Mahama.

Deux ans après, l’école commençait à être débordée car elle devait accueillir aussi les enfants des réfugiés. L’école avait déjà atteint 20 000 élèves et leur nombre continuait d’augmenter.

La gestion de cette population scolaire commençait à devenir incontrôlable et les services concernés ont dû diviser le G. S Paysannat L en cinq écoles, A, B, C, D, E, avec chacune sa direction, pour une meilleure gestion.

Vanessa Iranezera est une jeune fille de 14 ans qui vient de commencer l’école secondaire. Elle a toujours été dévouée à ses études. Cependant, après quelques mois en première, ses conditions d’études effacent ses espoirs de meilleures performances.

Elle doit souvent suivre les cours assise par terre.
Sa classe compte plus d’une centaine d’élèves et cinq étudiants doivent se serrer sur un seul pupitre, normalement destiné à deux enfants.

En plus de l’insuffisance des pupitres, l’école a des problèmes de ressources. Le manque de manuels, d’ordinateurs et de laboratoires continue d’aggraver les conditions d’étude.

Tous les 23 000 étudiants partagent 45 ordinateurs et n’ont pas de laboratoires. Emmanuel Hakizimana, qui gère le GS Paysannat L, B, a expliqué la gravité du problème.

« Même si le Gouvernement nous donnait d’autres ordinateurs, le probleme persisterait car il n’y a pas de place pour eux. Nous n’avons qu’une seule salle informatique. Cela empêche les étudiants de profiter de l’utilisation de l’Internet et ne doivent que s’en tenir à des livres qui ne suffisent pas non plus. »

Mauvais niveau de vie des étudiants
Étant donné que 90% des élèves sont des réfugiés, il est inévitable que leurs conditions de vie affectent le fonctionnement de l’école. De nombreux élèves n’ont pas les moyens de s’acheter des uniformes scolaires et le HCR n’a encore rien fait dans ce domaine.

En outre, tous les élèves du primaire le matin et l’après-midi reçoivent de la bouillie tandis que les élèves du secondaire prennent de la bouillie et déjeunent à l’école. Le New Times a appris que certains élèves du secondaire ne survivent qu’avec la nourriture de l’école.

Le camp d’où proviennent 90% des étudiants, malgré sa petite taille, a accueilli 164 561 réfugiés au total, principalement originaires du Burundi et de la République Démocratique du Congo.

Un autre problème, beaucoup plus alarmant, est celui des grossesses. Jusqu’à présent, une centaine d’adolescentes ont accouché rien qu’en 2019 et uniquement dans le GS Paysannat L.

Dans le but de garder les mères adolescentes à l’école, la direction leur donne le temps d’allaiter et de prendre soin de leurs bébés, parallèlement avec le suivi des cours .

Hakizima est convaincu que les conditions d’études au GS Paysannat peuvent être améliorées. Il suggère que plus de fonds soient alloués à de nouvelles installations enfin que des étudiants comme Iranezera ne perdent pas espoir dans leurs études.

Hakizimana, qui ne sait pas distinguer le rêve de la réalité, serait donc sans savoir que déjà le Gouvernement a ajouté environ 2 000 salles de classe par an au cours des neuf dernières années ? N’est-ce pas très louable de sa part ? Il n’a tout de même pas de baguette magique, et il n’est pas la seule institution concernée par ce problème ?

Pouvait-il prévoiret budgetiser pour l’arrivée des réfugiés sur son territoire ? Il déjà du mal à satisfaire la demande locale, lui qui, malgré son record de 95% de taux de scolarisation, doit s’équiper d’autres 22.000 nouvelles salles de classe, pour éliminer progressivement les doubles horaires et réduire la surpopulation, comme le souligne le Rapport de la Banque Mondiale sur le projet d’éducation de base de qualité au Rwanda pour le développement du capital humain.


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