« Bimyô », ce mot qui exprime l’embarras des Japonais devant un dilemme, résume l’atmosphère à Tokyo à la veille de la visite de Barack Obama. Ce dernier effectue ce mercredi la première visite d’État d’un président américain depuis Bill Clinton en 1996.

Il dînera avec l’empereur. Pour l’accueillir, le premier ministre Shinzo Abe a mis les petits plats dans les grands. Le centre-ville de Tokyo s’est transformé en forteresse assiégée dans laquelle patrouillent 16.000 policiers mobilisés pour l’occasion, dont beaucoup venus spécialement de province. « Je m’ennuie, je ne connais pas du tout Tokyo ! » explique l’un d’entre eux, acteur de cette pantomime un peu ridicule.
Mais cette démonstration de force et de courtoisie mêlées masque mal l’embarras du gouvernement japonais devant son « allié » américain. Shinzo Abe, comme ses prédécesseurs, plaide inlassablement pour « le renforcement de l’alliance » avec Washington. Il s’est engagé officiellement derrière la conclusion de l’accord de libre-échange TPP, qui, à l’initiative américaine, doit supprimer l’intégralité des droits de douane dans toute la région Asie-Pacifique. Mais il est pris entre ses convictions nationalistes, importantes au Japon, et les exigences de son partenaire, importantes à l’étranger.
Des lobbies vent debout contre un accord de libre-échange
Fin décembre, Shinzo Abe s’est rendu au sanctuaire nationaliste Yasukuni, foyer de friction entre l’Archipel et les pays qu’il a combattus pendant la Seconde Guerre mondiale, provoquant la colère jusqu’à Washington, qui a exprimé sa « déception ». Mardi matin encore, 150 députés de sa majorité se sont rendus au sanctuaire Yasukuni sans que le premier ministre n’en puisse mais. Quant aux lobbies qui le soutiennent, en particulier le lobby agricole, ils sont vent debout contre le TPP. Pour l’instant, le Japon n’a montré aucune flexibilité sur les « dossiers sensibles », provoquant l’agacement de Barack Obama. Ce dernier devrait repartir les mains vides de son voyage au Japon. Mardi matin, dans Kasumigaseki, quartier des ministères, on pouvait voir et entendre les camions de l’extrême droite japonaise beugler leurs insultes contre les États-Unis, la Chine et la Corée du Sud, et abreuver d’injures les policiers, sans qu’aucun d’entre eux ne lève le petit doigt.
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