L’interview s’est déroulée jeudi soir, vers vingt heures. Habituellement, Muyaya anime souvent des conférences de presse, mais juste avant le début de celle-ci, il a annoncé sur Twitter que ce qui allait se passer est historique.
80 % du contenu de cette interview concernait le Rwanda, où, comme à son habitude, il a réitéré que le Rwanda est la cause principale de tous les problèmes auxquels son pays est confronté. Il a même critiqué l’Union Européenne qui a récemment signé des accords avec le Rwanda, affirmant qu’il avait tenté par tous les moyens de les empêcher.
Il a parlé de la FDLR.
Tshisekedi a déclaré qu’il avait reçu des leaders rwandais qui lui ont dit que le FDLR est un groupe composé de moins de deux mille personnes, insuffisant en nombre pour menacer la sécurité du pays. Ces dirigeants lui ont confié que ce qu’ils craignent vraiment, c’est l’idéologie génocidaire que ce groupe propage, basée sur la haine qu’ils portent aux Tutsis.
Concernant la guerre aux alentours de Goma
Lors d de cette émission, le président Félix Tshisekedi a abordé la situation de conflit en cours aux alentours de Goma, dans la région de Sake, où des combats intenses opposent les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et leurs alliés au groupe rebelle M23.
Ces affrontements ont provoqué la fermeture de toutes les voies menant à Goma depuis d’autres régions, plongeant les habitants dans une situation difficile, tandis que la FDLR et ses alliés subissent des défaites successives.
Le président Tshisekedi a exprimé sa solidarité envers les citoyens déplacés par le conflit, assurant que ni eux ni leurs souffrances n’ont été oubliés par le gouvernement. "Pour les personnes déplacées par la guerre, je veux vous dire que le pays ne vous a pas oublié, le Président de la République ne vous a pas oublié, vous êtes au cœur de nos priorités", a-t-il affirmé.
Il a également annoncé que le gouvernement avait approuvé un budget de plusieurs milliards de francs congolais destiné à soutenir les victimes du conflit. Malgré les difficultés actuelles à retourner dans leurs foyers en raison des combats, le président a souligné que la priorité est de permettre à chacun de retrouver sa maison.
Tshisekedi a réaffirmé l’engagement de la RDC envers la recherche d’une paix durable, justifiant ainsi les investissements massifs dans le renforcement des capacités militaires du pays. "La lutte n’est pas terminée, nous continuons", a-t-il déclaré, en insistant sur la nécessité d’un appareil militaire robuste capable de dissuader des figures telles que Paul Kagame de s’immiscer dans les affaires congolaises. "Avoir une armée forte capable de décourager ceux qui, comme Paul Kagame aujourd’hui, voudraient jouer sur notre territoire est notre première responsabilité, c’est pourquoi il est crucial de prendre le temps nécessaire."
Il a déclaré que le Rwanda prospère grâce aux minérais de son pays.
Tshisekedi a souligné l’importance pour les citoyens de son pays de dialoguer et de surmonter les divisions internes, arguant que ces divisions fournissent au Rwanda un prétexte pour perturber la RDC et continuer à piller ses ressources naturelles.
"Il est donc essentiel que ce manque d’unité entre nos communautés offre au Rwanda l’excuse d’interférer dans nos affaires, permettant ainsi le vol continu de notre patrimoine naturel. C’est un fait indéniable que le Rwanda d’aujourd’hui s’est construit sur la richesse volée de la République Démocratique du Congo, sans honte de le dire, c’est la vérité. Ils se sont bâtis avec les ressources pillées de notre pays."
Les Wazalendo sont des héros.
Les Wazalendo, un groupe formé de combattants issus de diverses milices armées à l’occurrence le FDLR, se sont ralliés au gouvernement dans la lutte contre le M23. Tshisekedi les a qualifiés de héros indiscutables, dont l’acte de bravoure ne sera pas oublié par la nation, car ces individus ont pris les armes pour combattre ceux qui menacent notre pays. "Les Wazalendo sont des combattants courageux, méritant uniquement notre respect. Malheureusement, comme dans tous les secteurs, il existe des individus malintentionnés qui les discréditent en prétendant que leur objectif est de tuer les civils. Ce n’est pas le cas ; leur but est de protéger leur pays, et ils ont tout mon soutien."
Il a de nouveau appelé à des sanctions contre le Rwanda
Tshisekedi a déclaré avoir exprimé à tous les interlocuteurs concernés par la situation d’insécurité dans le Nord-Kivu que la satisfaction de la République Démocratique du Congo (RDC) ne serait atteinte que si des sanctions étaient imposées au Rwanda. Il a fait un parallèle avec la Russie, qui a été l’objet de nombreuses sanctions internationales, en soulignant : "Tout comme les actions de la Russie ont entraîné d’innombrables sanctions, le Conseil de Sécurité des Nations Unies devrait imposer des sanctions au Rwanda de la même manière. Pourquoi, dans des circonstances similaires à celles entre la Russie et l’Ukraine, ne verrions-nous aucune sanction appliquée dans notre cas ?"
Il a parlé des accords entre l’UE et le Rwanda
Tshisekedi a renouvelé ses critiques envers les accords récemment signés entre le Rwanda et la Commission de l’Union Européenne, destinés à promouvoir le secteur minier. Il a affirmé que son pays avait fermement condamné ces accords.
Il a expliqué : "Nous avons tenté de dialoguer avec eux, leur disant de venir discuter avec le propriétaire légitime plutôt qu’avec le voleur. Car, acheter des biens volés vous rend complice du vol."
"L’Union Européenne, je pense, ne devrait pas se prêter à ce jeu [...] J’ai rencontré les ambassadeurs des pays de l’UE présents ici pour leur transmettre ce message, leur disant que nous avons fait tout notre possible pour bloquer ces accords et que notre pays ne soutient pas ce qui se passe."
Il a affirmé que son pays ne resterait pas les bras croisés mais utiliserait les voies diplomatiques et judiciaires pour annuler ces accords signés. Il a accusé l’UE de soutenir un acte de vol, ce qui constitue une source de tension dans la région.
"En 2013, la RDC a été dévalorisée"
Tshisekedi a critiqué les accords signés à Kampala, en Ouganda, en 2013, concernant la milice M23, affirmant qu’ils dévalorisaient la République Démocratique du Congo (RDC) et qu’il ne souhaitait pas que de tels événements se reproduisent. Ces accords, conclus le 12 décembre 2013, visaient à mettre fin à la guerre dans l’est de la RDC. Ils stipulaient, entre autres, que le M23 devait se transformer en parti politique plutôt qu’en groupe armé, ses combattants devant être amnistiés par la RDC, intégrés dans les forces armées nationales, et participant à une démarche de réconciliation nationale.
"Je ne sais pas si vous avez vu ces accords signés en 2013 à Kampala avec le M23. C’est une honte, c’est ce que je dis. Le M23 est comme un nuage ; ils ont pris des Congolais qui ne comprennent pas ce qu’ils sont, les ont mis en avant, leur ont dit de parler lingala, leur ont donné des noms congolais pour qu’ils disent, voyez, ce sont vos frères. Mais ce qui est derrière, c’est le Rwanda, c’est les RDF (Forces de défense rwandaises)."
Il a affirmé qu’il ne pouvait pas engager de dialogue avec le M23 et avait même informé le médiateur de cette crise, le président angolais, de sa position. "Le M23 n’est pas composé de Congolais.."
Il a également démenti les rumeurs selon lesquelles il aurait invité le M23 à Kinshasa pour des discussions en 2019, précisant que l’idée venait du ministre de la Sécurité et qu’il l’avait rejetée dès qu’il en avait pris connaissance.
Il a été interrogé sur ses propos concernant une attaque contre le Rwanda.
Durant sa campagne électorale, Tshisekedi avait annoncé qu’une fois élu, il convoquera le Parlement pour solliciter l’autorisation d’attaquer le Rwanda afin de renverser son gouvernement, qu’il considère comme une menace pour son pays.
"Il m’est actuellement difficile d’agir selon mes déclarations précédentes, non pas par incapacité ou manque de volonté, mais parce que les circonstances actuelles démontrent qu’une approche pacifique est préférable et plus sage que le recours à la guerre."
"Actuellement, par exemple, il y a une initiative de médiation dirigée par le Président João Lourenço, et je tiens à vous informer que je serai le premier à le rencontrer mardi prochain, avant même qu’il ne rencontre le Président du Rwanda. Il y a aussi les efforts du Président de la Communauté Est-Africaine, Salva Kiir, ainsi que les initiatives soutenues par les États-Unis."
"Ces efforts ne sont peut-être pas toujours visibles, mais ils sont efficaces à leur manière. Je privilégie la paix et cherche une paix durable pour mon pays et ses citoyens. C’est pourquoi je suis prêt à mettre de côté certaines options pour donner une chance à la paix."
"Si toutefois il devenait nécessaire de recourir à un conflit pour parvenir à la paix, je suis prêt à m’engager dans cette voie sans hésitation."
Il a parlé de Luvumbu, ancien joueur de Rayon Sports
Héritier Luvumbu, ancien joueur de Rayon Sports, s’est séparé du club après avoir marqué un but et célébré en se couvrant la bouche devant les journalistes présents sur le terrain. Ce geste, devenu un acte politique parmi les Congolais pour détourner l’attention sur les véritables massacres commis contre les locuteurs du Kinyarwanda dans l’est de la RDC, confirmés par les Nations Unies, aurait été récompensé financièrement. Luvumbu a été suspendu de toute activité footballistique pour six mois, ce qui a conduit à sa séparation d’avec Rayon Sports.
Le président Tshisekedi a qualifié l’acte de Luvumbu de courageux. À son retour à Kinshasa, il a été accueilli par le ministre des Sports et Loisirs de la RDC, François Claude Kabulo Mwana Kabulo, à l’aéroport de N’djili.
"Je voulais l’accueillir avant mon départ pour Addis-Abeba, mais cela n’a pas été possible. J’ai suivi son arrivée, le ministre des Sports était à l’aéroport, il m’a appelé, je lui ai parlé, je l’ai remercié et promis de l’accueillir et de lui rendre honneur au nom du pays, il le sait."
"J’ai appelé le président de l’AS Vita Club, mon ami Amadou Diaby, mon frère, pour lui dire : ’Président, je ne veux pas y penser, si je dois payer, je paierai, si le pays doit payer, il n’y a pas de problème, mais ce jeune homme, qui a été un soldat précieux pour notre pays, doit être accueilli à l’AS Vita Club.’"
"Je ne sais pas si ton équipe est au complet ou non, mais tu dois l’aider. Il m’a dit, ’Président, [Luvumbu] a déjà joué pour l’AS Vita Club et j’ai déjà décidé de le reprendre. En bref, pour ce qui est de trouver un emploi, il n’y a pas de problème, il a un emploi.’"
Tshisekedi a annoncé qu’il recevra bientôt Luvumbu pour lui remettre une récompense en reconnaissance de son acte, au nom du pays.
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