Le parcours troublé de Straton Musoni : de l’opposition armée à la rédemption

Redigé par Henriette Akimana
Le 24 juillet 2023 à 01:27

Straton Musoni, l’un des fondateurs des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), a fait des révélations sur la façon dont Laurent Kabila, l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), a dupé les anciennes Forces armées rwandaises (EX-FAR).

Musoni, autrefois vice-président des FDLR, a dévoilé que le groupe poursuit encore sa collaboration avec les forces de l’État congolais. Il les a exhortés à mettre fin aux hostilités, mettant en avant les effets dévastateurs bien connus de la guerre.

Formé en Allemagne en aménagement du territoire, Musoni s’est illustré dans ce domaine avant d’embrasser une carrière dans l’opposition politique, au lieu de retourner au Rwanda pour contribuer au développement de son pays d’origine.

Né à Masoro, dans le district de Rulindo, Musoni poursuit ses études en Allemagne grâce à une bourse d’État. En septembre 2015, lui et Ignace Murwanashyaka, alors président des FDLR, ont été condamnés par le tribunal de Stuttgart à des peines de 13 et 8 ans de prison respectivement. Ils ont été reconnus coupables d’avoir ordonné des attentats en province du Nord-Kivu entre 2008 et 2009.

Après avoir purgé sa peine, Musoni a été rapatrié au Rwanda. En octobre 2022, il a été transféré au Centre de démobilisation de Mutobo, où il a participé à des programmes d’éducation civique destinés à la réhabilitation des anciens combattants.

Musoni a révélé, lors d’un entretien avec IGIHE, que son engagement politique a commencé avec le Rassemblement pour le Retour des Réfugiés et la Démocratie au Rwanda (RDR).

« Après le génocide contre les tutsi, j’ai pris conscience de ce qui s’était passé au Rwanda et je me suis dit : ’Voyons si je peux faire quelque chose. J’estimais que c’était un problème politique. Je suis l’un des fondateurs des FDLR et j’en suis devenu le vice-président. »

Au lendemain du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, certains de ses instigateurs et exécutants, en particulier d’anciens militaires, ont exprimé le désir de rentrer au pays pour commettre à nouveau un génocide.

Les objectifs initiaux du RDR n’ayant pas été atteints, les FDLR ont été créés. Cependant, quelques années plus tard, ce groupe sera classé parmi les organisations armées terroristes. Selon Musoni, leur intention était de défier le Front patriotique rwandais (FPR Inkotanyi) et de reprendre le pouvoir au Rwanda.

"C’est ce que nous voulions [...] commencer par le but parce que le groupe a été lancé principalement par les anciens militaires des Ex-FAR, du Gouvernement Habyarimana. Il était clair que ces militaires pensaient que le retour au pays nécessitait l’utilisation des armes."

Lors de la création du FDLR, Laurent Désiré Kabila, alors président de la RDC, avait promis de soutenir les EX-FAR dans leur tentative de renversement du gouvernement rwandais. En retour, les EX-FAR ont soutenu Kabila contre divers groupes armés menaçant son pouvoir, dont le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD).

Toutefois, Kabila, incapable de se protéger de ses opposants, y compris le RCD, a finalement demandé aux EX-FAR d’entamer des dialogues, de déposer les armes et de rejoindre les Forces armées Rwandaises (RDF), abandonnant ainsi son engagement initial. C’est alors que sont nés les FDLR.

Musoni déclare qu’à un certain point, le plan du groupe a échoué. Ils ont alors tenté d’exercer une pression sur le FPR Inkotanyi pour entamer des pourparlers.

Les FDLR, divisées en deux sections - une politique et une militaire (FDLR/FOCA) - se sont principalement approvisionnées en armes auprès de l’armée de Laurent Kabila et des FARDC, mais aussi auprès d’autres groupes armés.

« Les anciens soldats des FARDC ont des armes, et ils reçoivent des salaires [...] ils n’ont jamais rendu leurs armes à l’armée congolaise, ils les ont gardées. Certains avaient des armes avec lesquelles ils ont fui lorsqu’ils ont quitté le Rwanda. »

Musoni affirme que les relations entre les FARDC et les FDLR étaient autrefois étroites, principalement parce que le gouvernement sollicitait leur aide pour combattre les groupes armés, comme le M23.

"Alors maintenant, cela signifie que les FDLR sont les FOCA, en ce moment, ils coopèrent ou aident tous l’armée congolaise contre le M23".

Il a appelé les combattants à comprendre que le temps de guerre est révolu. Il a rappelé l’importance de la paix pour le Rwanda et l’importance de la préserver. "Nous savons ce que la guerre a fait au Rwanda," a-t-il déclaré, "et personne ne souhaite la voir revenir."


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