Les réfugiés rwandais ont dû surmonter d’immenses épreuves dans leurs pays d’accueil. L’un des événements marquants survint en 1982, lorsque les réfugiés rwandais en Ouganda furent expulsés. Arrivés à Kagitumba, la frontière avec le Rwanda, ils furent refoulés par les autorités rwandaises qui les qualifièrent d’Ougandais.
Denis Polisi, l’un de ces réfugiés ayant fui au Burundi, a raconté à One Nation Radio les difficultés endurées par les Rwandais en exil. Il explique que la vie en exil était marquée par les tensions politiques et sociales des pays d’accueil, affectant profondément les réfugiés étrangers.
« Ils ont été expulsés parce qu’ils étaient Rwandais, mais une fois arrivés chez eux, on leur refusa l’entrée en disant qu’ils étaient Ougandais. Que feriez-vous dans une telle situation ? » témoigne Polisi. Il décrit comment les conflits internes des pays d’accueil impactaient directement les réfugiés, notamment au Burundi, où des enfants rwandais furent empêchés de commencer leur scolarité en raison des tensions politiques locales.
Le sentiment d’injustice, moteur de l’engagement
Polisi raconte que la colère née de cette exclusion et de ces injustices répétées devint un puissant moteur pour l’engagement. « C’est ce genre de douleur qui pousse parfois quelqu’un à s’engager, » déclare-t-il. « Lorsque vous sentez que vous n’avez aucun droit, la souffrance vous convainc de faire des choix radicaux. »
En 1988, après avoir passé plusieurs années en exil, Polisi est retourné au Rwanda sous une fausse identité, se faisant passer pour un Zaïrois. Son retour clandestin lui permit d’observer la situation désespérée dans laquelle se trouvait le peuple rwandais, dépourvu d’espoir pour l’avenir.
En 1986, le Comité du Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND), parti au pouvoir sous le régime de Juvénal Habyarimana, avait déclaré que le Rwanda, tel qu’il était, ne pouvait plus accueillir de nouveaux habitants. Cette déclaration, reprise par Habyarimana, visait à justifier l’inaction du gouvernement face à la situation des réfugiés rwandais disséminés à l’étranger.
Cette position paraissait exagérée, car à cette époque, la population rwandaise n’était que de 6,5 millions d’habitants, laissant de nombreuses voix s’élever contre cette rhétorique.
Le Front Patriotique Rwandais (FPR), mouvement d’opposition en exil, cherchait à attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation des réfugiés rwandais, mais se heurtait souvent à l’indifférence en raison des actions du gouvernement Habyarimana.
Lors du sommet des chefs d’État africains à Dakar en 1989, bien que le FPR n’y ait pas été invité, ses membres réussirent à faire parvenir la question des réfugiés rwandais dans les dossiers des dirigeants présents. Denis Polisi explique que grâce à l’aide des Rwandais vivant à Dakar et à leurs alliés sénégalais, le dossier rwandais fut introduit dans l’agenda de la rencontre, forçant Habyarimana à se justifier publiquement.
Habyarimana, dans un discours improvisé, tenta de défendre sa position en déclarant que le Rwanda était « comme un verre d’eau plein » où toute tentative d’ajouter de l’eau provoquerait un débordement. Il compara également le pays à une salle de cinéma où tous les tickets avaient été vendus, rendant impossible l’entrée de nouveaux spectateurs sans risques.
La mort de Fred Gisa Rwigema et la montée en puissance du FPR
Deux jours seulement après le début des hostilités, le Major-Général Fred Gisa Rwigema, leader du FPR, perdit la vie, un événement qui marqua profondément les combattants. Cependant, Denis Polisi estime que cette perte, bien que tragique, renforça la détermination des jeunes à rejoindre les rangs du FPR et à poursuivre la lutte pour libérer leur pays.
« La mort de ces soldats a engendré de nombreux sacrifices et des choix radicaux qui ont permis à la lutte de se poursuivre, » déclare-t-il. « Beaucoup de jeunes, inspirés par notre leader qui avait quitté l’école pour rejoindre le front, ont également fait ce choix courageux. »
Polisi évoque également un étudiant du Collège Saint-Albert qui, n’ayant pas pris part à la lutte, fut raillé par ses camarades et surnommé « Marie », un terme péjoratif utilisé pour désigner les lâches.
Enfin, Denis Polisi répond aux rumeurs affirmant que Fred Rwigema aurait été tué par ses propres hommes, des accusations qu’il qualifie de sabotage visant à semer la division. Il conclut : « Ces mensonges ne me surprennent pas, mais ils ne changeront rien à notre lutte. »
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