Le diagnostic du pouvoir en RDC de Kikaya Bin Karubi

Redigé par Tite Gatabazi
Le 16 avril 2025 à 04:21

Le constat formulé par Kikaya Bin Karubi résonne comme un diagnostic implacable et d’une gravité rare dans le paysage politique congolais contemporain.

En affirmant que « tous les Congolais impliqués dans le deal ayant fait de Félix Tshisekedi chef de l’État sont soit décédés, soit contraints à l’exil, soit maintenus à Kinshasa mais réduits au silence », il dresse le tableau sinistre d’un pouvoir dont l’ascension repose non sur le suffrage éclairé et libre d’un peuple souverain, mais sur des arrangements obscurs, scellés dans le secret des arrière-salles du pouvoir, et dont les acteurs, pièces devenues gênantes, sont méthodiquement écartés.

Ce propos, lourd de sous-entendus, suggère que le régime actuel s’est constitué sur un pacte tacite d’intérêts particuliers et de calculs opportunistes, désormais dissimulé sous le voile d’une gouvernance autoritaire et répressive.

L’éviction ou la neutralisation systématique de ceux qui furent les artisans ou témoins de cette accession irrégulière au sommet de l’État trahit la fébrilité d’un pouvoir soucieux d’effacer les traces de son origine contestable, et de verrouiller tout espace de dissidence ou de vérité.

Plus encore, Kikaya dénonce un glissement pernicieux dans le discours officiel et dans l’espace public congolais : toute critique émise à l’encontre de la gouvernance calamiteuse de Félix Tshisekedi serait désormais assimilée, de manière fallacieuse et infamante, à une posture pro-Rwanda.

Cette stratégie d’amalgame et de disqualification morale vise non seulement à délégitimer l’opposition et les voix dissidentes, mais aussi à détourner l’attention de l’opinion publique des responsabilités réelles dans l’aggravation de la crise sécuritaire à l’Est.

Elle procède d’une mécanique rhétorique bien connue des régimes en quête de légitimité fragile : transformer toute contestation en trahison, et tout opposant en ennemi de la Nation.

L’ironie tragique que relève Kikaya réside dans cette inversion accusatoire : alors que le chef de l’État lui-même serait, selon ses propos, « la cause première de l’agression actuelle », il parvient, par une opération de communication et de narratif maîtrisée, à rejeter l’opprobre sur ceux qui osent dénoncer les errements et les compromissions du régime.

Cette situation, où le pouvoir s’arroge le monopole du patriotisme et de la parole légitime, rappelle les dérives des systèmes autoritaires où la vérité historique et politique est soumise aux impératifs de la raison d’État.

En définitive, cette analyse jette une lumière crue sur le climat politique délétère qui règne en République Démocratique du Congo, où les équilibres institutionnels sont fragilisés, les libertés d’expression et de critique sévèrement entravées, et où l’exercice du pouvoir semble de plus en plus s’inscrire dans une logique de contrôle absolu et de répression silencieuse des consciences éveillées.

L’histoire politique du Congo enseigne pourtant que ces configurations, bâties sur l’opacité, la peur et l’exclusion, ne sauraient perdurer indéfiniment sans céder, tôt ou tard, sous le poids de leurs propres contradictions.

Le constat formulé par Kikaya Bin Karubi résonne comme un diagnostic implacable et d’une gravité rare dans le paysage politique congolais contemporain

Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité