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Le désamour entre Tshisekedi et l’Est de la RDC pour magouilles et mafia

Redigé par Tite Gatabazi
Le 9 mai 2023 à 06:05

Le 8 octobre 2020, Tshisekedi avait rendu visite aux sinistrés de Sake, a vingt-sept km de Goma. C’est là qu’il avait promis une commission d’experts congolais qui analyserait les causes profondes de la crise à l’Est et lui ferait des propositions.

Convaincu que les causes réelles étaient socio-politiques et nécessitent des réponses politiques. Nombreux parmi les Kivutiens avaient applaudi. Depuis, ils ont déchanté.

Le 18 juin 2021 restera dans toutes les mémoires en RDC comme le jour, du moins le seul jour ou le Président a eu le courage de nommer les choses : il avait dénoncé la « mafia et les magouilles » qui gangrènent les institutions de la RDC.

On se souvient de cette députée du Nord Kivu qui déclarait face caméra qu’« un officier muté à l’Est organisait une fête chez lui. Ça y est je deviens riche ».

Et depuis plus rien. Silence radio. Pourquoi ? Parce que cette mafia s’est sentie menacée et elle a sorti les griffes.

Tshisekedi a ravalé son propos et à céder à cette république souterraine, qui a des accointances et des ramifications insoupçonnées, qui alimente les passerelles entre les activités lucratives de l’Est et le pouvoir de Kinshasa et au-delà à l’étranger.

Le blocage du processus de Nairobi, de la feuille de route de Luanda, les recommandations de Bujumbura et Addis Abeba, le discours belliqueux sans en avoir les moyens, le sabotage de toutes les initiatives pour ramener la paix en RDC sont à chercher dans ces propos tenus à Bunia.

Tshisekedi ne se risquerait pas d’ouvrir un débat intelligible sur les raisons de l’enracinement de la violence à l’Est de son pays.Il ne peut mettre sur la place publique ceux qui exercent une emprise sur l’économie de la guerre et la politique nationale.

Cette jungle contrôle des vastes territoires miniers à l’Est du pays jusqu’à y asseoir sa domination. Et elle dicte la conduite aux décideurs de Kinshasa.

De cette déclaration de Bunia est né une autre attitude du Chef de l’Etat : discours belliqueux, fixation sur M23, soutien à la guerre totale, jamais de négociation encore moins la paix. On maintient le statu quo car il y a des gros intérêts et des flux financiers qui arrosent la classe politique et la société civile.

Même Mbosso, tout président de l’assemblée nationale, s’était aventuré sur ce terrain miné. Il avait osé demander « aux députés de quitter les groupes armés », déclarant qu’il avait la liste des députés en cause et qu’il pourrait la publier. Il s’est ravisé depuis.

C’était sans compter avec les capacités dont dispose cette nébuleuse et ses composantes qui savent agir en immersion et peser très lourd dans les décisions du pouvoir.

Comment Tshisekedi ouvrirait cette boîte de Pandore pour inculper certains gros bonnets. Parce qu’il y a des charges qui donnent de la sueur dans le dos : associations des malfaiteurs, corruptions, des homicides, des extorsions de fonds, du blanchiment d’argent, des détournements de biens publics. Qui pourrait se coltiner un dossier aussi tentaculaire en RDC.

Le juge Raphaël Yanyi est mort mystérieusement dans un dossier de broutilles des maisons préfabriquées. Le fameux dossier Vital Kamerhe.

Tshisekedi n’a toujours pas une véritable volonté politique d’intervenir pour mettre un terme au calvaire de ses compatriotes de l’Est et peut être aussi est-il dépourvu des moyens de l’Etat au sens premier du terme.

Cette capacité qu’ont d’autres pays de déployer un arsenal répressif. Car ces magouilles et mafia prospèrent dans la faillite de l’Etat et bénéficient de la complaisance de ce qu’il en reste.

Le cauchemar devait se prolonger avec son spectacle de la douloureuse et épineuse désolation des milliers des morts et des déplacés.

Tshisekedi avait juré « la main sur le cœur » qu’il s’installera à l’Est jusqu’au rétablissement de la paix et la stabilité. La mafia lui accorde deux semaines sans un jour de plus.

C’est de là qu’on peut comprendre le basculement de Tshisekedi et la profondeur de l’ancrage de sa mafia ainsi que l’enchevêtrement de ses ramifications.

Appréhender cette triste réalité de la RDC implique de se départir des apparats de l’Etat fantôme et du discours convenu. Il est illusoire de croire que Tshisekedi disposerait d’une baguette magique pour y mettre fin. Il est personnellement inscrit chez les « frappeurs et jouisseurs » une autre mouvance de la mafia et magouilles.

Le civisme et le patriotisme ont déserté la RDC depuis des décennies. Or, c’est par là qu’on devrait entamer la réhabilitation des valeurs.


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