S’exprimant, mardi, lors d’une conférence historique réunissant des dirigeants africains à Accra, le président Akufo-Addo a affirmé que l’ensemble du continent africain méritait des excuses officielles de la part des nations européennes impliquées dans la traite des esclaves, selon l’AFP.
"Le continent africain dans son ensemble mérite des excuses officielles de la part des nations européennes impliquées dans la traite des esclaves", a déclaré M. Akufo-Addo. Il a souligné que, bien que l’ampleur des souffrances endurées par les victimes de la traite des esclaves et les conséquences de cette abomination dépassent toute réparation pécuniaire, il est impératif que le monde ne fasse plus l’impasse sur cette question cruciale.
Cependant, le président ghanéen n’a pas précisé la nature exacte des réparations financières pour l’esclavage transatlantique, qui a été responsable du commerce de millions de personnes originaires d’Afrique de l’Ouest et centrale. Cette question complexe devra être minutieusement examinée et négociée.
Il convient de noter que le Ghana, premier pays africain à accéder à l’indépendance en 1957, a déjà plaidé en faveur des réparations lors de l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre précédent. Le président Akufo-Addo a également encouragé la collaboration entre l’Afrique et les Caraïbes pour faire progresser cette cause, soulignant qu’il s’agit d’une "demande de justice légitime".
Pendant cette conférence historique, le président de l’Union des Comores et président de l’Union africaine, Azali Assoumani, a décrit l’esclavage et le colonialisme comme "la phase sombre de l’Afrique", rappelant que les conséquences de cette époque tragique perdurent encore au sein de la population africaine.
Ces derniers temps, certains dirigeants occidentaux ont commencé à reconnaître les méfaits commis durant cette période sombre de l’histoire africaine. En Allemagne, le président Frank-Walter Steinmeier a exprimé sa "honte" face aux crimes commis pendant la période coloniale de son pays en Tanzanie.
De même, le propriétaire du journal britannique The Guardian a présenté des excuses publiques pour le rôle joué par les fondateurs du média dans la traite transatlantique, annonçant un ambitieux "programme de justice réparatrice d’une durée de dix ans".
Par ailleurs, des gestes concrets ont été posés en vue de la restitution de trésors et d’œuvres d’art africain volés. Le Nigeria s’apprête ainsi à récupérer des milliers de plaques métalliques, de sculptures et d’objets datant du XVIe au XVIIIe siècle, qui avaient été pillés dans l’ancien royaume du Bénin et se sont retrouvés dans des musées et collections d’art aux États-Unis et en Europe. Le Bénin, voisin du Nigeria, a lui-même inauguré l’année précédente une exposition mettant en avant ses œuvres d’art et trésors restitués par la France, à l’issue de deux années de négociations intenses.
Cette quête de réparations pour les traumatismes infligés à l’Afrique durant l’esclavage et la colonisation demeure un sujet brûlant, rappelant l’importance d’aborder les injustices du passé pour façonner un avenir plus juste et équitable.
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