Après 20 ans du drame, les communautés Banyamulenge se sont rassemblées pour une commémoration de mémoire.
Dans un communiqué rendu public par Me Moïse Nyarugabo, il a rappelé les faits : « Les victimes ont été surprises dans leur sommeil, ont été brûlées vives dans des abris de fortune. Ceux qui tentaient de fuir étaient abattus à coups de machette ou de balles. Aucune victime n’a été signalée dans le camp voisin, peuplé de réfugiés burundais et d’autres communautés congolaises. »
Dans ce communiqué, il apparaît une mise en exergue d’un aspect d’idéologie génocidaire caché derrière le carnage de Gatumba contre la communauté Banyamulenge : « Ce n’était pas un acte pour des raisons économiques, mais une tentative d’extermination d’un peuple," explique un survivant du massacre ».
Lors de la commémoration au Rwanda, une femme munyamulenge rescapée, Jeanne Yagabo Cubahiro se souvient d’une nuit cauchemardesque : « nous avons été attaqués en pleine nuit dans le camp des déplacés de Gatumba, un camp dont la majorité des habitants étaient des enfants et des femmes. Nous avons été sauvagement assassinés et nos boulots restent en pleine liberté et exercent des fonctions au sein des institutions étatiques. »
Yagabo Cubahiro cite nommément le nom d’Agathon Rwasa, député dans le parlement burundais, leader du mouvement rebelle Palipehutu de cette époque du carnage. « Agathon Rwasa est envie et il a revendiqué cette attaque avec son équipe d’alors. Quand nous faisons appel à la justice, nous sommes sûr que les présumés auteurs sont là ».
Au lendemain de l’attaque, le porte-parole du palipehutu FNL sous le pseudonyme de Pasteur Habimana, du vrai nom de Methuselah Nikobamye s’est exprimé sur la radio nationale du Burundi au cour d’une interview : « nous avons attaqué le camp d’infanterie de Gatumba et la brigade. Nous avons été obligé de mener des combats à l’intérieur du camp des réfugiés Banyamulenge parce que les militaires s’étaient cachés dans ce camp, on n’avait pas un autre choix ».
Quand le journaliste de la RTNB à poser la question à Habimana si cela ne constitue pas un crime contre l’humanité, il a répondu : « A Kabezi dans la province de Bujumbura rural, à Mutambu, à Isale dans presque toute la province de Bujumbura, combien des innocent qui ont été tués par les Tutsi ? Combien ont été tué par le CNDD FDD, quelle est l’instance de justice internationale qui a fait quelque chose, en même temps, la communauté internationale est là et ne condamne pas les tueurs, elle est resté bouche-bé durant toutes les années de douleurs. Nous avons le droit de nous défendre, comme un droit élémentaire »
Au cours de la commémoration au Rwanda mardi dernier, Dr Jules Rutebuka, responsable de la communauté Banyamulenge décrit un processus de justice qui n’avance pas, avec un espoir cependant, qu’un jour la justice fera ce travail. « Nous avons saisi la justice à partir du Burundi, RDC et à l’étranger mais cela n’a pas marché. »
Aujourd’hui, vingt ans après, la douleur est toujours vive et les appels à la justice et à la reconnaissance continuent de résonner parmi les survivants et les sympathisants. « Nous ne vous oublierons jamais, » promet un survivant, « et nous lutterons pour un pays où règne l’amour, la paix, et l’égalité. »
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