« Chez nous, il n’y a pas d’actionnaires, mais des sociétaires, au cœur de l’organisation pour mieux être au cœur des préoccupations, avec toujours une finalité : rendre le meilleur service. » Ce slogan de la Maif explique qu’un sociétaire n’est pas un client comme les autres, mais « une personne qui donne son avis et élit d’autres sociétaires pour le représenter aux assemblées générales ». C’est pourquoi l’on parle pour les mutuelles de sociétés de personnes et pour les assurances de sociétés de capitaux.
Toutefois, « il ne suffit pas d’avoir un dirigeant élu selon le principe “un homme, une voix” pour pouvoir parler de gouvernance démocratique », observe Hugues Sibille, ancien délégué interministériel à l’économie sociale, aujourd’hui vice-président du Crédit coopératif. En ne donnant le pouvoir qu’à une catégorie d’acteurs, en l’occurrence les sociétaires, les coopératives et les mutuelles ignorent les autres parties prenantes de leur entreprise : les salariés, les fournisseurs, les prestataires… Seules des structures plus récentes, et encore peu utilisées, les Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif (Scic) tentent de tenir compte des intérêts divergents.
Toutefois, plusieurs auteurs, dont Philippe Frémeaux, soulignent qu’« en pratique, la bonne marche d’une organisation productive s’accommode plutôt bien d’une pluralité limitée : les adhérents et sociétaires ne sont pas organisés en partis ni même en tendances, et aucune opposition ne dénonce en permanence la gestion conduite par la majorité ». Cet unanimisme explique, d’après lui, que les élections aux conseils d’administration se fassent majoritairement sur liste unique, le nombre de candidats étant égal au nombre de postes à pourvoir. De cet état de fait résulte la faible mobilisation des sociétaires peu incités à voter en l’absence d’enjeux élec-toraux. La démocratie court alors le risque de n’être qu’une façade…
Économie sociale, économie solidaire : quelle différence ?
Le sociologue Jean-Louis Laville établit une triple distinction entre économie sociale et solidaire.
Les acteurs de l’économie solidaire cherchent à mettre leurs activités au service d’un changement social (lutte contre les inégalités, dégâts écologiques, exclusion), alors que ceux de l’économie sociale se satisfont d’une structure « alternative » en interne et appliquent les mêmes règles marchandes que n’importe quelle société capitaliste.
Comme lorsque, par exemple, des agriculteurs organisés en coopératives exercent une agriculture productiviste, parfois contraire à des objectifs de santé publique ou de préservation de l’environnement.
Inscrite dans une logique corporatiste, l’économie sociale défend l’intérêt de ses membres en priorité, tandis que l’économie solidaire associe davantage les usagers, les travailleurs et les volontaires afin que leur action profite à tous.
Enfin, l’économie solidaire mise sur l’hybridation de ses ressources (recettes marchandes, dons, subventions publi¬ques) alors que l’économie sociale vise l’autonomie par rapport à l’État.
Beaucoup d’acteurs de l’économie solidaire (commerce équitable, associations de lutte contre l’exclusion, pour l’insertion, etc.) reprochent à l’économie sociale d’être trop gestionnaire et de se concentrer sur l’intérêt de ses membres plutôt que sur l’intérêt gé¬néral, en négligeant sa dimension citoyenne et civique.
Avec Valeurs Humaines
Lecture recommendée :
Hugues Sibille, Hommes & Libertés , n° 145, janvier-mars 2009.
Jean-Louis Laville, in J.-L. Laville (dir.),
L’Économie solidaire, CNRS éd., 2011.
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