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Des femmes kenyanes transforment les déchets capillaires en produits utiles

Redigé par Ange Carolle Kouassi
Le 11 décembre 2023 à 03:15

Au cœur de Kisumu, au Kenya, dans un salon de coiffure local, des femmes de la région se prêtent à des séances de tressage et de coiffure, agrémentées de cheveux synthétiques. Ces mèches, aux couleurs variées et à la longévité estimée entre quatre et six mois, offrent une alternative économique aux extensions et perruques confectionnées avec de véritables cheveux humains. Mais qu’advient-il de ces cheveux synthétiques une fois qu’ils ont rempli leur rôle capillaire ?

Là réside le dilemme environnemental. Les perruques, tissages et extensions synthétiques, constitués de plastique non dégradable, présentent un risque pour notre écosystème lorsque leur élimination est négligée. Toutefois, à l’atelier d’Alisam Products Development and Design, situé également à Kisumu, un groupe de femmes se mobilise pour donner une seconde vie à ces résidus capillaires, les transformant en produits fonctionnels.

Sous la houlette de Sarah Adero, ces femmes s’emploient à collecter les déchets de cheveux synthétiques et naturels provenant des salons de coiffure, afin de contrer la menace environnementale qui pèse sur la région. La première étape de leur travail consiste à trier et à tisser les cheveux collectés pour les transformer en fils, éléments de base indispensables à la création de produits finis.

Chaque membre de cette équipe dévouée est capable de confectionner jusqu’à dix tapis par semaine, dont le prix varie de 3 à 16 dollars américains en fonction de leur taille. Sarah Adero explique : "Les pièces de cheveux sont magnifiques lorsqu’elles sont tressées, mais lorsqu’on les retire des cheveux, c’est très laid. Nous avons donc décidé de les recycler et de les utiliser pour ne plus polluer l’environnement. Nous nous en servons pour fabriquer des paillassons et nous gagnons notre vie grâce à eux."

À en croire Newton Owino, scientifique de l’environnement et fondateur d’Alisam Products Development and Design, l’initiative tire son inspiration de la nécessité de créer des opportunités d’emploi à travers la réutilisation de matériaux délaissés.

Il déclare : "Chaque semaine, les gens s’épilent et où les jettent-ils ? Tout simplement à la surface. Il n’y a pas de zone spécifique, il n’y a pas d’endroit désigné pour les jeter, alors ils jonchent le sol partout et le résultat final est qu’ils retournent tous dans le lac. C’est pourquoi j’appelle les Nations unies pour l’environnement, le gouvernement kenyan, en particulier le département de l’environnement, à considérer ces déchets humains comme un problème sérieux, au même titre que les autres déchets sur lesquels ils se concentrent," rapporte Africanews.

Ce projet permet aux femmes locales de tisser leur propre voie vers un moyen de subsistance durable, tout en réduisant les déchets plastiques au sein de la communauté. Les clients, tels que Vivian Awuor, témoignent de leur satisfaction face à des paillassons fabriqués à partir de cheveux usagés. Elle explique : "Il est unique et abordable. Il contribue à la préservation de l’environnement, comme il rend l’environnement propre et par les temps qui courent, il est vraiment utile. Il sèche plus vite, même pendant la saison des pluies, il enlève beaucoup de poussière, je l’aime vraiment."

Amos Wemanya, conseiller principal sur les énergies renouvelables et les transitions justes à Power Shift Africa, salue toutes les initiatives orientées vers les pratiques circulaires, visant à préserver et à restaurer la santé du lac Victoria. Il déclare : "Nous vivons dans un monde de consommation où chacun consomme beaucoup plus que ce dont il a besoin. Cette surconsommation a un impact considérable sur les écosystèmes. Je pense donc qu’il est temps que l’ensemble de la société, y compris ici au Kenya, adopte la circularité."

Le lac Victoria, le plus vaste lac d’eau douce d’Afrique, fait face à une série de menaces provenant de divers polluants, qu’il s’agisse de déchets domestiques ou industriels. Selon UN Water, certaines parties du lac sont désormais qualifiées de "zones mortes", incapables de maintenir la vie en raison du manque d’oxygène dans l’eau. Ces menaces suscitent une profonde inquiétude parmi les communautés locales, qui dépendent du lac pour leur subsistance.

Des femmes kenyanes transforment les déchets capillaires en produits utiles

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