Cette situation survient après que le Président burundais, Evariste Ndayishimiye, ait accusé, sans aucun fondement le Rwanda d’héberger, de nourrir, d’armer et d’entraîner le groupe armé RED-Tabara, responsable de l’attaque survenue à Gatumba dans la province de Bujumbura.
Ndayishimiye a souligné que parmi les membres de RED-Tabara se trouvent des individus ayant fui vers le Rwanda après leur tentative de renverser le gouvernement de Pierre Nkurunziza et après avoir incendié des infrastructures à Bujumbura Mairie en 2015.
Il a reproché au Rwanda de refuser de les extrader pour être jugés. Et pourtant ceux-ci relèvent du statut de réfugiés et sont donc sous mandat du Haut commissariat des nations unies pour réfugiés et plus sous l’autorité rwandaise.
Dans ses déclarations, la première lors d’une émission publique le 29 décembre 2023 dans la province de Cankuzo, et la seconde lors de la présentation des vœux adressés à tous les Burundais, Ndayishimiye a évoqué l’éventualité de fermer les frontières.
Olivier Nkurunziza, le leader de l’UPRONA, a exhorté le gouvernement burundais à ne pas procéder à une nouvelle fermeture des frontières, arguant que cela nuirait aux populations des deux pays plus particulièrement les Burundais déjà en situation précaire. Il a appelé à la poursuite des négociations pour résoudre le conflit.
Nkurunziza a déclaré : « Quoi qu’il en soit, les relations entre les deux pays doivent se poursuivre, car Burundais et Rwandais ont beaucoup en commun. Il serait regrettable de traiter l’autre en ennemi. Ce que nous demandons, c’est d’éviter une nouvelle fermeture des frontières et de maintenir l’unité la cohésion entre ces pays. Les discussions doivent continuer, même en cas d’échecs initiaux, et avec le temps, elles porteront leurs fruits. »
Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du CNDD-FDD, a lors d’une conférence de presse à Ngagara, au siège du parti, dans la Mairie de Bujumbura, mardi 2 janvier 2024, condamné l’attaque de RED-Tabara.
« Nous pensions que c’était réglé. Nous attendions leur extradition. C’était presque fait, puis soudainement interrompu, » a-t-il exprimé.
Il a informé les journalistes que le CNDD FDD consultera le FPR Inkotanyi, parti au pouvoir au Rwanda, sur sa réaction aux propos de Ndayishimiye et sur ses intentions futures. Le maintien du dialogue contredit la posture du président.
Ndikuriyo a insisté sur le fait que la fermeture des frontières ne devrait pas être une priorité, préconisant plutôt des discussions au plus haut niveau des Etats pour résoudre à l’amiable un quelconque contentieux.
Selon des analystes, Ndayishimiye semble s’écarter des conseils de son parti, en cherchant à faire du Rwanda le bouc émissaire de la crise burundaise, marquée par une pénurie de devises, de pétrole, de sucre suite à la faillite de SOSUMO, une destruction d’infrastructures, (la liste ici serait longue) ainsi que des actes de violence et de corruption.
Il convient de souligner que, parallèlement aux tensions avec le Rwanda, le Président Ndayishimiye a également connu des dissensions au sein de son propre camp. Des interrogations émergent quant aux motivations qui ont poussé son ancien Premier ministre, Alain Guillaume Bunyoni, figure influente des Bagumyabanga, à envisager de le renverser.
De plus, Révérien Ndikuriyo, le Secrétaire général du parti, a fréquemment exprimé des opinions contradictoires avec celles du Chef d’État.
Ces divergences ont marqué une période de conflits internes au sein du parti de l’Aigle, exacerbés par les décisions unilatérales de Ndayishimiye sans la consultation des figures clés du parti.
Suite à la déchéance de Bunyoni, Ndikuriyo s’est positionné comme un adversaire interne significatif, critiquant le manque de concertation de Ndayishimiye avec ses collaborateurs.
Au lieu de se focaliser sur les solutions aux crises socio-économiques et politiques qui frappent le pays du Prince Louis Rwagasore, le Président s’est davantage investi dans ses activités privées, dédiant la majeure partie de son temps à ses exploitations agricoles.
Cette situation l’a conduit à attribuer aujourd’hui la responsabilité des problèmes du Burundi et des Burundais au Rwanda, une position qui suscite le scepticisme quant à son bien fondé.
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