Originaire de Bosnie-Herzégovine et exilée politique en France, Coulibaly apporte une perspective unique sur les dynamiques de pouvoir et la mémoire collective en Afrique subsaharienne, enrichie par son rôle de responsable du programme des langues africaines à l’Université Harvard.
Dans ses déclarations au cours d’une interview sur le journal panafricain KirinaPost, elle critique vivement la couverture médiatique occidentale du Rwanda, en particulier la série de reportages intitulée "Rwanda Classified" par le consortium Forbidden Stories.
Elle décrit cette enquête comme un exemple de négrophobie journalistique, arguant que ces récits sont souvent teintés de préjugés et construits à travers un "white gaze" colonialiste.
Coulibaly affirme que ce type de journalisme perpétue des mythes dépassés qui ne reconnaissent pas les capacités de gouvernance et de résilience des Africains.
Elle explique que le fantasme d’un Tutsi surhumain, héritage des théories hamitiques du 19ème siècle, a alimenté une vision raciste et déshumanisante qui a eu des implications directes lors du génocide des Tutsis en 1994.
Ce mythe a non seulement divisé mais a également engendré une idéologie génocidaire persistante, comme en témoigne la situation actuelle en République Démocratique du Congo où les tensions ethniques alimentées par des discours de haine sont exacerbées par des discours politiques.
Coulibaly critique également la manière dont le progrès économique et social du Rwanda est souvent mal interprété ou ignoré par les médias occidentaux.
Selon elle, cette méconnaissance et cette sous-estimation sont le résultat d’un afropessimisme qui refuse de reconnaître les succès africains, en particulier ceux d’un petit pays comme le Rwanda qui a réalisé des avancées remarquables en matière de gouvernance, de développement économique, de technologie, et de réconciliation post-génocide.
Bojana Coulibaly appelle à une réévaluation de la manière dont les histoires africaines sont racontées, insistant sur la nécessité de combattre les fausses vérités et de promouvoir une compréhension plus nuancée et respectueuse des réalités africaines.
Elle défend une perspective qui valorise la mémoire collective et l’éducation pour combattre les stéréotypes et encourager un discours plus équilibré et inclusif sur l’Afrique.
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