Basabose et Twahirwa face à la justice pour génocide en Belgique

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Le 5 octobre 2023 à 05:42

La cour d’assises de Bruxelles, en Belgique, a entamé mercredi 04 Octobre le procès de deux rwandais accusées de participation active dans le génocide commis contre les Tutsis en 1994.

Pierre Basabose et Séraphin Twahirwa sont accusés de génocide et de crimes de guerre, ce qui marque une étape importante dans l’établissement des responsabilités, et donc de la vérité, pour l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire du Rwanda.

Pierre Basabose, né en 1947, a un passé complexe qui comprend le service militaire, des entreprises commerciales et des liens avec l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana.

Son association avec la garde présidentielle et son rôle de chauffeur du colonel Elie Sagatwa, beau-frère et secrétaire particulier de Juvénal Habyarimana, l’ont placé au centre des allégations.

En outre, la réussite financière de Basabose, alimentée par un bureau de change à Kigali, l’a conduit à devenir un actionnaire majeur de la Radio-Télévision Libre des Milles Collines, notoirement connue pour son rôle dans l’incitation à la haine contre les Tutsi.

Il a fui le Rwanda en avril 1994 avant d’entamer un périple à travers plusieurs pays pour se retrouver en Belgique.

Séraphin Twahirwa, dit "Kihebe" en langue nationale, "le terroriste", dans une traduction litterale, est né en 1958, il a été un chef Interahamwe dans le secteur Gikondo, de la ville de Kigali.

Il est également cousin à Agathe Kanziga, l’épouse de l’ancien président Habyarimana. La proximité de Twahirwa avec le dépôt douanier de MAGERWA l’implique encore davantage dans les événements du génocide.

Dès le génocide consommé, l’individu s’est enfui vers le Zaïre, avant de poursuivre son errance, pour finalement trouver le chemin de la Belgique via l’Ouganda. Il ne dispose à ce jour, d’aucun statut légal de résidence en Belgique.

Les charges retenues contre les deux suspects comprennent leur implication dans le génocide en raison de leurs affiliations politiques et idéologiques, leur participation à l’armement et à l’entraînement des milices Interahamwe, leur rôle dans l’établissement de listes de personnes ciblées et leur présence aux barrages routiers utilisés pour filtrer les victimes.

Ils sont en outre accusés de crimes de guerre, notamment de meurtres multiples et, dans le cas de Twahirwa, de viols.

Il est à noter que 40 témoins rwandais sont à Bruxelles pour témoigner devant la Cour, dans le cadre d’un effort logistique coordonné par le ministère belge de la Justice, l’ambassade de Belgique à Kigali et le programme national pour la protection des témoins.

La Coopération belge au développement contribue également financièrement au travail de RCN Justice & Démocratie, une organisation sans but lucratif qui enverra deux journalistes rwandais à Bruxelles pour couvrir les procès d’assises.

Leur objectif est de s’assurer que les nouvelles concernant les procès de Basabose et Twahirwa atteignent les médias locaux, avec la coopération du réseau de médias Pax Press.

"Il est important que la justice ne soit pas seulement rendue, mais qu’elle soit aussi perçue comme telle", a commenté l’ambassadeur belge Bert Versmessen à l’occasion de l’ouverture du procès à Bruxelles le 4 octobre 2023.

"La coopération juridique entre le ministère public du Rwanda et la Belgique est une pierre angulaire de nos relations. Elle est motivée par le désir qu’il n’y ait pas d’impunité pour les violations graves du droit international humanitaire. Le code pénal belge permet à nos juges de poursuivre toute personne vivant en Belgique qui a commis des crimes de génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des actes de torture, que ces crimes aient ou non été commis sur le sol belge", a- t-il ajouté.

La Belgique a été le premier pays en dehors du Rwanda à condamner les auteurs du génocide de 1994 contre les Tutsi.

En 2001, le procès contre les "Quatre sœurs de Sovu" qui a abouti à quatre condamnations pour crimes de guerre.

Le dernier procès date de décembre 2019, lorsque Fabien Neretse alias Nsabimana a été condamné pour crimes de génocide et crimes de guerre à Kigali et Mataba.

Au total, la cour d’assises de Bruxelles a organisé 5 procès contre 9 personnes.

La cour d'assises de Bruxelles vue de l'intérieur lors d'un procès qui ne concernait pas nos deux présumés génocidaires

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