Ils sont accompagnés de représentants des chefs d’Etat du Congo-Brazzaville, de l’Égypte, ainsi que de Ruhakana Rugunda, représentant spécial du président ougandais Museveni.
Le groupe prévoit de rencontrer le président Volodymyr Zelensky vendredi et le président Vladimir Poutine samedi.
La portée de cette mission demeure incertaine, car le président Cyril Ramaphosa n’a pas précisé ses objectifs ni fixé de calendrier lorsqu’il a annoncé ce plan le mois dernier.
D’autres pays, tels que la Chine, la Turquie et le pape François, ont également exprimé leur volonté de se joindre à cet effort de paix, selon des sources de BBC News.
Kingsley Makhubela, ancien diplomate sud-africain, soulève des interrogations quant à l’impact de cette mission en se demandant : "Quel serait le véritable pouvoir de leur mission ? Ce n’est pas clair. Est-ce simplement une opportunité pour les présidents africains de se mettre en scène et de prendre des photos ?"
Cette initiative revêt une importance particulière étant donné que de nombreux pays africains ont choisi de rester neutres dans cette confrontation entre la Russie et l’Occident.
Cependant, il s’agit d’un effort diplomatique remarquable visant à résoudre ce problème en dehors du continent africain, ce qui est perçu comme positif compte tenu de la demande croissante de l’Afrique pour avoir son mot à dire au sein de l’ONU et d’autres organisations internationales, selon Murithi Mutiga, responsable du département Afrique au sein de l’International Crisis Group (ICG).
Le cerveau derrière cette initiative, Jean-Yves Ollivier, dirige la Fondation Brazzaville basée au Royaume-Uni, qui se consacre à la paix et au développement en Afrique. Bien qu’Ollivier ait cessé de parler du voyage des chefs d’État depuis l’annonce des dates, il avait précédemment évoqué ses plans.
Selon lui, l’objectif est d’entamer une discussion plutôt que de résoudre immédiatement le problème, de débuter des négociations sur des questions non militaires et de chercher des solutions.
Parmi celles-ci figurent l’échange de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine ainsi que la recherche de solutions aux problèmes alimentaires en Afrique, tels que les céréales et les engrais.
En effet, la guerre a entraîné une perturbation majeure des exportations de céréales de l’Ukraine et d’engrais de la Russie, provoquant ainsi une crise alimentaire mondiale qui affecte particulièrement l’Afrique, qui est dépendante de ces deux ressources.
Ollivier a affirmé que les présidents africains tentent de persuader la Russie de prolonger un accord fragile permettant aux navires ukrainiens d’expédier des céréales en mer Noire, qu’elle contrôle. Ils demandent également à Kiev de faciliter le transfert des cargaisons russes actuellement bloquées dans différents ports.
Selon ses propos, il y a des signes que ces dirigeants africains "vont essayer de réconcilier les deux camps".
La pression exercée par les États-Unis sur l’Afrique du Sud est également à noter. Le groupe qui se rend en Ukraine et en Russie comprend cinq présidents ainsi qu’une délégation ougandaise représentant le président Yoweri Museveni, qui est retenu chez lui en raison du Covid-19.
Les pays participants proviennent de différentes régions d’Afrique et ont des positions divergentes vis-à-vis de ce conflit.
Si l’Afrique du Sud et l’Ouganda sont considérés comme pro-russes, la Zambie et les Comores sont plus enclines à se rapprocher de l’Occident.
Quant à l’Égypte, au Sénégal et au Congo-Brazzaville, ils sont restés neutres dans ce conflit.
L’Afrique du Sud a récemment été soumise à des pressions de la part des États-Unis, qui l’accusent de soutenir la Russie dans cette guerre. Des allégations selon lesquelles l’Afrique du Sud aurait envoyé des armes à Moscou ont été réfutées par le pays.
L’administration Biden attend les résultats de l’enquête menée par le gouvernement sud-africain, mais un groupe de législateurs américains appelle la Maison Blanche à sanctionner l’Afrique du Sud et à suspendre un accord commercial majeur.
Alex Vines, responsable du programme Afrique à Chatham House à Londres, affirme que cela correspond à la volonté de l’Afrique du Sud de définir sa position.
Selon lui, les États-Unis ne cherchent plus à pousser l’Afrique à choisir un camp dans ce conflit, contrairement aux premiers stades du conflit. De nombreux pays africains ont adopté une position neutre, qui est liée à leur histoire de guerre froide, et cela ne signifie pas nécessairement qu’ils soutiennent Moscou.
Washington préconise désormais une réelle neutralité et exerce désormais des pressions sur l’Afrique du Sud pour qu’elle démontre sa neutralité.
Le président Ramaphosa a contribué à rendre ce voyage possible en appelant les présidents Poutine et Zelensky, ainsi qu’en informant le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.
Bien que la Russie et l’Ukraine ne soient actuellement pas intéressées par des pourparlers, les deux pays ont des intérêts dans ce processus. Moscou renforce depuis un certain temps sa présence en Afrique et espère le démontrer lors du sommet Russie-Afrique qui se tiendra à Saint-Pétersbourg le mois prochain.
L’Ukraine mène également des efforts diplomatiques en Afrique. Ces derniers jours, son ministre des Affaires étrangères était sur le continent pour expliquer leur position et se tiendrait prêt à saisir toute autre opportunité.
Dr Makhubela a déclaré : "Les Ukrainiens pourraient essayer de convaincre ces présidents africains de ne pas assister à la réunion russe. Les Russes cherchent également à montrer qu’ils ne sont pas seuls. C’est pourquoi ils doivent choisir s’ils se rendent à Saint-Pétersbourg ou non."
Les analystes considèrent le sommet de Saint-Pétersbourg comme un signe des relations entre l’Afrique et la Russie, mais cela ne repose pas sur une idéologie russe.
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