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26ème année du génocide des Tutsi au Rwanda ; Jour 9/100:Le Silence

Redigé par Prince Gaël Nyangezi
Le 23 avril 2020 à 10:50

L’absence de silence créée par l’omniprésence médiatique semble bien souvent distraire les individus de l’expressivité des autres à leurs côtés, au profit d’un isolement sur soi. Et l’une des grande difficulté d’une personne adulte, c’est l’apprentissage du silence, l’apprentissage à ne pas avoir à utiliser les mots pour dire et de pouvoir tirer du silence toutes les communications que le silence peut nous apporter.

Apprendre à se taire ne veut pas dire cesser de communiquer.Mais plutôt trouver un autre moyen de communiquer différemment. C’est savoir chercher le sens des mots d’une autre manière. Autant les mots nous permettent de nous exprimer, autant ils sont des obstacles pour ressentir pleinement le sens des choses.

Le philosophe français Henri Bergson disait : Les mots c’est une grille, ça nous empêche de vivre les choses et de les sentir et de le renvoyer de l’intelligence à l’intuition. Il serait très intéressant d’étudier le lien entre la conscience de la mort et l’appréciation du silence, à savoir si la prescience du silence absolu, c’est à dire la mort, et notre manière de nous mouvoir face à cette prescience orienteraient nos conceptions et pratiques du silence quotidien. Les êtres humains sont mortels. Ce que le silence nous rappelle, s’il est écouté́, c’est un bourdonnement dans notre oreille qui porte notre attention sur nos battements de cœur.

Génocidaires et négationnistes du génocide des Tutsi, l’importance de cette notion de silence, plus particulièrement en cette période de deuil national, s’avèrerait être le meilleur moyen de communiquer. Un silence de 100 jours n’affectera rien sur l’ardeur du mal des mots et actes posés durant les 265 jours restants. Ça ne peut que vous enfoncer de plus en plus dans la noirceur de vos âmes perdues, au-delà de toute récupération pour gouter à la saveur de la victoire du bien contre le mal ; ce mal que vous persistez à vouloir retenter sur un peuple déjà illuminé de la vraie voie du salut. Et cela depuis maintenant 26 ans.

Survivants endeuillés, il est vrai que des fois l’on a beaucoup à dire en ce moment si pour alléger le cœur, mais il faut parfois, non pas chercher les mots pour le dire mais éviter les mots pour mieux le sentir, pour mieux le vivre, pour mieux l’expérimenter. Et dans l’épreuve, le silence est important, c’est le temps de la méditation, c’est le temps où, en entendant rien autour de nous, on fait l’effort de revenir à soi pour tout entendre de soi-même. De tout pouvoir sentir différemment. Ce silence est aussi important dans le type de communication que nous voulons avoir avec nos proches perdus. Parfois, il faut ne rien dire pour mieux exprimer. Parfois, il faut se taire pour mieux accompagner.


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